En s'attaquant aux soldats israéliens et en enlevant l'un d'eux vendredi matin, quelques heures seulement après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, le Hamas a certifié que les Gazaouis qu'il prétend représenter devront supporter davantage de pertes tant qu'Israël pourchassera les terroristes vivant parmi eux.
Pourtant, pour les défenseurs du Hamas, il y a peu de chances pour que cela change leur opinion sur cet organisme. Bien qu'il soit désigné depuis des années comme un groupe terroriste par les États-Unis et l'Union européenne, le Hamas reste pour eux un « mouvement souverain », un parti politique, une « organisation humanitaire » ou un mouvement de « résistance ».
Le 14 juillet sur le blog de Mondoweiss, un site qui s'inscrit dans une « perspective juive progressiste », Cata Charret a dénoncé la présentation du Hamas en tant que groupe terroriste comme « réductrice et raciste » en faisant remarquer que le Hamas a été élu démocratiquement. Jonathan Russo, du Huffington Post, a affirmé que la réputation terroriste du Hamas est le résultat « d'un étiquetage et d'un diagnostic erronés de la part d'Israël ».
Selon Russo : « Lorsqu'ils ont expulsé le Fatah lors de leur coup de force en 2007, ils sont devenus un gouvernement souverain, maîtres d'une enclave minuscule mais aux contours définis. C'est à ce moment-là que le Hamas, qui était jusqu'alors un groupe terroriste, est devenu un gouvernement légitime. »
Nous savons à présent que ce « gouvernement légitime » a détourné des millions de dollars qui auraient pu aider à l'aménagement de Gaza et au bien-être de ses habitants, au profit de la construction d'un vaste arsenal de roquettes et d'un réseau de tunnels dont le seul objectif était de tuer autant d'Israéliens que possible.
Malgré cela, Charret et d'autres affirment que la charte du Hamas de 1988, appelant à la destruction d'Israël et au meurtre des juifs en préparation du Jour du Jugement, ne s'applique plus en raison du fait que le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mashaal, a dit en 2006 qu'il pouvait accepter un État palestinien dans les limites de 1967.
Cependant les déclarations qui ont été faites depuis par Meshaal et par d'autres dirigeants du Hamas ont rendu les propos de 2006 caducs.
Dans un discours prononcé en décembre 2012 sur la chaîne de télévision Al-Aqsa, Meshaal a déclaré : « D'abord et surtout la Palestine – du Fleuve (Jourdain) à la Mer (Méditerranée), du Nord au Sud – est, de droit, notre pays dont la moindre parcelle ou le moindre pouce ne sera perdu ou abandonné. Ensuite, la Palestine était, est et restera une terre arabe et islamique. La Palestine est à nous et à personne d'autre. »
Lors d'une interview donnée à Charlie Rose et diffusée sur PBS lundi dernier, Meshaal a répété son opposition à une coexistence pacifique avec Israël en tant qu'État juif en disant qu'il ne voulait « pas vivre avec un État occupant », c'est-à-dire Israël. Il a également comparé la lutte du Hamas contre Israël au combat mené par les patriotes lors de la Révolution américaine contre les Britanniques.
À ce propos il a dit : « En tant que Palestinien, je veux être libéré, je veux un État, je veux vivre sans occupation… Et vous en Amérique, est-ce que la Révolution américaine était pacifique ? N'avez-vous pas chassé les Britanniques ? »
Lors d'une interview accordée en mai à Al-Monitor, Mousa Abu Marzook, chef adjoint du bureau politique du Hamas, a également qualifié la reconnaissance d'Israël de « ligne rouge » à ne pas franchir.
Généralement les spécialistes, les Nations unies, l'Union européenne et le gouvernement américain définissent le terrorisme comme une violence aveugle ou comme tout acte criminel, tel que les enlèvements et les prises d'otages, perpétré contre des civils par un acteur non-étatique dans le but d'instiller une peur empêchant la réalisation d'objectifs politiques.
Le Hamas s'est fait connaître il y a 20 ans lorsque, en réponse aux tentatives américaines d'établir la paix entre Israéliens et Palestiniens, il a déclenché des vagues d'attentats-suicides visant des transports publics bondés, des restaurants, un night-club pour adolescents et une foule composée en majorité de personnes âgées lors d'un Seder de Pessa'h.
L'objectif politique principal du Hamas demeure la disparition d'Israël de la carte. La seule logique qui sous-tende les tirs de roquettes et de mortiers contre Israël est de semer la peur parmi les civils israéliens, à l'instar des campagnes d'attentats-suicides des années 1990 et 2000. En 2009, Human Rights Watch (HRW) a qualifié les attaques de roquettes du Hamas contre Israël de crimes de guerre.
Les Palestiniens vivant à Gaza ont également été les témoins de l'ire du Hamas depuis que celui-ci a expulsé le Fatah en 2007.
À plusieurs reprises, le Hamas a mis des civils en danger en tirant des roquettes depuis des zones densément peuplées de Gaza, autant d'actes qualifiés par des responsables des Nations unies de crimes de guerre. C'est également vrai pour son utilisation d'écoles, d'hôpitaux et de mosquées qui, dans le conflit actuel et ceux de 2012 et 2009 avec Israël, a mis de la même manière des civils en danger.
Les enlèvements, les assassinats, la torture et les menaces de mort de ceux que le Hamas accuse de « collaboration » avec Israël sont devenus affaire courante à Gaza.
D'après certains reportages, au moins 30 personnes accusées de collaboration ont été tuées ces deux dernières semaines par le Hamas. Ces mises à mort extrajudiciaires ont entraîné les condamnations répétées de Human Rights Watch.
De nombreux autres cas de violations du droit et de procès inéquitables ont été répertoriés par l'organisme des droits de l'homme. Au moins une centaine d'allégations de tortures a été répertoriée en 2012 par des organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme. Des aveux obtenus sous la torture de la part de collaborateurs d'Israël ont été aussi nombreux. Ainsi Human Rights Watch rapporte que 147 personnes ont été torturées par la police du Hamas ou des forces de sécurité intérieures en 2011.
L'organisme rapporte que les forces de sécurité du Hamas ont fusillé des individus opposés à la domination du groupe terroriste sur Gaza, à la suite de la guerre contre Israël en 2009. Dans une interview accordée à HRW, une personne a déclaré avoir reçu des forces de sécurité du Hamas plusieurs tirs d'arme à feu dans les jambes après s'être publiquement réjouie de l'attaque lancée par Israël. D'autres personnes ont rapporté des faits similaires. HRW a également dénoncé neuf cas répertoriés de morts à la suite de tortures ou de coups sévères de la part des forces de sécurité du Hamas entre janvier et mars 2009.
Dans un cas recensé en 2009, des témoins ont vu un homme suspecté de trafic de drogue recevoir de violents coups de bâtons et de barres de métal par des membres du Hamas. Pris par une trop grande peur, ils n'ont pas tenté d'arrêter ce passage à tabac.
Dans son rapport annuel de 2013, Amnesty International a critiqué le Hamas pour avoir échoué dans l'enquête sur les crimes de guerres et crimes contre l'humanité qui auraient pu être commis par ses membres pendant les conflits de 2009 et 2012. Le rapport a également épinglé le Hamas pour avoir réprimé la liberté d'expression.
Le rapport indique qu'en octobre dernier, le Hamas a empêché un rassemblement de femmes à Gaza. En janvier 2013, Mahmoud Abu Rahma a été frappé à coups de couteau par des hommes non identifiés après avoir publié un article critiquant le Hamas.
Le rapport cite également l'exécution sommaire par des membres de la branche militaire du Hamas de sept hommes accusés de collaboration avec Israël.
Sous le pouvoir du Hamas, les femmes sont en butte aux discriminations et à la répression. Ainsi en 2009, le Hamas a interdit aux femmes de s'asseoir sur le siège arrière de motos conduites par des hommes et leur a ordonné de porter le voile islamique.
En 2010, le Hamas a interdit aux hommes de travailler dans des salons de coiffure pour femmes et a supprimé les écoles mixtes pour les élèves de plus de neuf ans.
À Gaza, le Hamas a créé une police de la morale chargée de patrouiller sur les plages pour s'assurer que les hommes et les femmes sont habillés « correctement ». Des femmes ont été sanctionnées pour avoir nagé en jeans et t-shirt. Des hommes et des femmes n'ayant pas de liens entre eux ont été punis pour avoir violé la règle contre la mixité. Des couples se promenant dans les rues de Gaza ont été systématiquement arrêtés par la police de la morale qui leur a demandé s'ils étaient mariés.
Un couple de Gazaouis a raconté au Los Angeles Times que « pratiquement vous devez à tout moment être en possession d'une copie de votre certificat de mariage pour ne pas risquer d'être humilié. »
Les propagandistes qui présentent le gouvernement du Hamas comme ayant été élu ont tendance à ignorer le fait que cette organisation terroriste s'est maintenue au pouvoir au-delà du terme de son mandat et qu'elle a annulé les élections de 2010. Ce qui a d'ailleurs nui à sa popularité.
Après s'être entretenue avec des Gazaouis, Lisa Daftari, qui travaille pour Fox News, a déclaré mardi que « nous trouvons que les gens de Gaza sont courageux de parler franchement car ils en ont vraiment assez. Ils ne veulent pas que l'organisation terroriste du Hamas leur confisque leur combat ni qu'elle les prive des biens de première nécessité. »
Un responsable d'organisation communautaire qu'elle a interrogé voulait un cessez-le-feu aussi rapidement que possible mais disait que le Hamas n'avait aucun intérêt à obtenir la paix ou des négociations sinon ses enfants ne seraient plus tués.
Selon Daftari qui cite un habitant de Gaza qu'elle a interrogé : « Personne ne peut pardonner au Hamas de massacrer les Palestiniens pour renforcer son pouvoir. La plupart des habitants de Gaza haïssent le Hamas de toutes leurs forces. »
Le refus de Meshaal d'accepter un cessez-le-feu avec Israël, ajoute-t-elle, a montré à beaucoup de Gazaouis que le Hamas ne se préoccupe ni de leur bien-être ni de leurs vies.
Le Hamas a beau avoir gagné une élection en 2006, son gouvernement n'a depuis lors apporté que misères et douleurs au peuple de Gaza. L'attaque d'aujourd'hui qui a aussitôt fait voler en éclats un cessez-le-feu humanitaire prévu pour 72 heures, n'est que le dernier exemple en date de cette situation misérable. Dès lors, nier le caractère intrinsèquement terroriste du Hamas en tentant de présenter celui-ci comme un mouvement politique légitime, s'apparente à du délire.