Alors que les djihadistes de l'État islamique (EI) mènent leurs combats en Syrie et en Irak, décapitant soldats et civils et entraînant des enfants au djihad, leurs partisans en Europe souhaitent la « mort aux juifs » et appellent à verser le sang des infidèles.
Il semble à présent que certains dirigeants européens refusent de riposter.
La situation est devenue particulièrement controversée dans la capitale néerlandaise, La Haye, où les manifestations de soutien à l'EI en juillet ont donné lieu à des slogans antijuifs et à l'agression violente d'une journaliste couvrant l'événement. Voyant la haine antijuive et la violence s'intensifier, des témoins et des associations juives ont fait appel au bureau du maire pour qu'il intervienne. Mais le maire Josias van Aartsen était en vacances et son adjoint qui le remplaçait n'a pas jugé bon d'intervenir.
Les habitants de La Haye, par contre, ne l'ont pas entendu de cette oreille : le 10 août un groupe dénommé « Pro-Patria » a organisé sa propre « marche pour la liberté » dans le même quartier en grande partie musulman (le Schilderswijk) où avaient eu lieu deux manifestations de soutien à l'EI. Selon un organisateur, l'objectif était de montrer « que ce qu'on appelle le Triangle de la Charia est toujours un territoire néerlandais où prévalent la loi et le droit néerlandais. » (Le Schilderswijk a fréquemment été désigné dans la presse néerlandaise comme le « Triangle de la Charia »)
Il s'agissait peut-être là d'une idée naïvement optimiste : la manif venait à peine de commencer quand des habitants pro-EI ont commencé à agresser les manifestants par des jets de pierres et des coups de poings. Six personnes ont été arrêtées.
Le maire van Aarsten, toujours en villégiature en France, n'a pas réagi.
Finalement, il a été rappelé à La Haye pour s'expliquer sur sa réaction (ou plutôt son absence de réaction) juste au moment où une nouvelle marche pour la liberté contre l'EI est prévue dans le Schilderswijk. Mais cette fois, pour le maire, c'en est trop. « Plus aucune manifestation contre l'islam radical n'aura lieu dans le Schilderswijk », a-t-il déclaré à son retour à La Haye, jeudi. « Trop provocant ».
Autrement dit, l'appel au meurtre de Néerlandais non musulmans et au gazage des juifs lancé par des musulmans radicaux est un comportement que le maire van Aartsen juge acceptable. Mais une manifestation contre ce genre de discours ne l'est pas au motif que cela pourrait occasionner trop de violence. « Interdisez-là », a-t-il dit, un peu comme si en interdisant les minijupes on serait bientôt débarrassé des viols.
Van Aartsen n'est pas le seul coupable, loin de là. Les efforts entrepris pour éviter toute « offense » à l'égard des musulmans sont devenus monnaie courante en Europe, où les célébrations de Noël sont rabotées et les musées d'art connus pour censurer des œuvres potentiellement « choquantes » pour les musulmans. Plus tôt dans la semaine, les autorités de Belfast ont fait enlever la plaque commémorative sur la maison natale de l'ancien président israélien Chaïm Herzog « en raison d'une série d'agressions ».
Ah bon ? Est-ce comme cela qu'on répond à la violence, au racisme, aux menaces contre nos foyers, nos vies et nos valeurs ? Ou l'Europe a-t-elle perdu de vue la sens des valeurs et la raison de leur importance ?