La Maison Blanche, qui vient de recevoir l'approbation du Congrès américain pour l'armement et l'entraînement des groupes rebelles syriens combattant le redoutable État islamique, a rencontré cette semaine des représentants syro-américains afin de discuter de la marche à suivre.
Or il s'avère que l'une des personnes consultées est un défenseur et sympathisant de rebelles syriens liés à Al-Qaïda.
Mohamad Alla Ghanem, responsable du Syrian American Council (SAC) en charge des relations avec le gouvernement, faisait mardi la promo de sa visite à la Maison Blanche sur sa page Facebook.
En novembre dernier, Ghanem écrivait au sujet d'un voyage effectué à Doha où il a pu rencontrer le cheikh Yusuf Al-Qaradawi, l'un des guides spirituels des Frères Musulmans qui avait approuvé les attentats contre les troupes américaines en Irak et les attentats suicides contre des Israéliens.
« J'apprécie énormément ce savant estimé », écrivait Ghanem, « et même j'adore sa jurisprudence. Je considère cette rencontre comme un grand honneur. Je suis maintenant sur un nuage. » Pour rappel, Qaradawi avait été interdit d'entrée sur le sol américain et britannique en raison de son soutien au terrorisme.
Mais ce n'est pas la seule fois où Ghanem a encensé les djihadistes.
En décembre 2012, Ghanem a publié dans le Washington Post un article dans lequel il reprochait aux États-Unis d'avoir répertorié Jabhat Al-Nosra parmi les organisations terroristes. Il est clair, écrivait-il, que de nombreux dirigeants de Jabhat sont idéologiquement en phase avec Al-Qaïda mais tous ses membres ne partagent pas ce point de vue. De plus le groupe « a remporté des succès militaires et a fourni une aide importante aux civils. »
Dans un autre article publié il y a une semaine dans The Hill, Ghanem a parlé de l'attentat perpétré récemment par l'État islamique et qui a décapité la direction de l'organisation Ahrar Al-Sham. Cette dernière est peut-être le « groupe rebelle syrien de la ligne la plus dure ». Fondé par le représentant personnel en Syrie du dirigeant d'Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri, le groupe n'en est pas moins le rival de l'État islamique.
Ghanem précisait qu'il ne parlait pas de cette organisation pour l'approuver mais affirmait que c'était « une grande honte » que le soutien américain aux rebelles syriens n'ait pu se faire « par crainte de groupes rebelles comme Ahrar Al-Sham, alors que les Syriens étaient massacrés par milliers. »
Les défenseurs d'un soutien accru des États-Unis aux rebelles syriens reconnaissent qu'il est très difficile de garantir que les armes et l'entraînement ne profitent pas à d'autres groupes radicaux djihadistes. Et le fait que la Maison Blanche prenne sur ce sujet des conseils auprès de Ghanem, dont elle a ignoré ou feint d'ignorer les précédentes déclarations, n'est pas propre à inspirer confiance.
Par ailleurs, l'organisation de Ghanem, le Syrian American Council, a parrainé la visite de Rateb Al-Nabulsi, venu l'année dernière aux États-Unis pour collecter des fonds. Spécialiste syrien du droit islamique, Al-Nabulsi a désigné tous les juifs comme des cibles légitimes d'attentats suicides. Avec un imam, Osama Al-Rifai, venu également aux États-Unis lever des fonds avec l'aide du SAC, Al-Nabulsi siège actuellement au Conseil islamique de Syrie qui a déclaré son opposition aux frappes aériennes américaines contre l'État islamique.