Des responsables canadiens ont déclaré à la presse que le terroriste Michael Zehaf-Bibeau était un converti à l'islam. Il avait consulté des sites internet djihadistes incitant les gens à « perpétrer des attentats au Canada. » Dans un discours qu'il a tenu mercredi soir, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, a qualifié cette attaque d'attentat terroriste.
Deux personnes, un soldat de réserve de Hamilton (Ontario) et son assassin présumé ont été tués mercredi matin lors d'une attaque qui a débuté au Mémorial national canadien de la Guerre.
Un terroriste armé a été abattu peu après dans l'enceinte du Parlement tout proche. On ne sait toujours pas si d'autres personnes étaient impliquées dans l'attentat. Dans une vidéo prise par un journaliste du média canadien Globe and Mail on peut entendre une fusillade à l'intérieur du Parlement qui a coûté la vie au tireur.
Les autorités canadiennes laissent filtrer peu de renseignements mais on sait que l'assassinat de Nathan Cirillo, âgé de 24 ans, survient deux jours après la mort d'un autre soldat canadien percuté près de Montréal par une voiture conduite par un nouveau converti à l'islam.
Mercredi après-midi, selon CBS News, des responsables canadiens ont indiqué à leurs homologues américains que le tireur abattu est Michael Zehaf-Bibeau, d'origine canadienne, âgé d'environ 32 ans. Selon un message posté sur Twitter, le groupe terroriste EIIL a publié une photo affirmant qu'il s'agissait de Zehaf-Bibeau.
S'il s'avère que l'agresseur de mercredi est également un islamiste radical, ce serait au moins le quatrième attentat perpétré par des radicaux musulmans en Amérique du Nord ces derniers mois.
Lundi, c'est Martin Couture-Rouleau, âgé de 25 ans, qui a été abattu après avoir foncé avec sa voiture sur deux soldats canadiens. Il aurait dit à un opérateur des urgences qu'il agissait au nom d'Allah. L'un de ses amis a confié à des journalistes que Rouleau s'était radicalisé après s'être converti à l'islam il y a environ un an et qu'il rêvait de mourir en martyr.
Son passeport lui avait été retiré et il figurait parmi les 90 personnes suspectées d'être des radicaux islamistes et surveillées par les autorités canadiennes. Lors d'une conférence de presse organisée mercredi après-midi, les responsables ont refusé de dire si l'homme abattu au Parlement figurait également sur la liste des personnes placées sous surveillance.
La semaine dernière, avant les attentats, le Canada avait relevé son niveau d'alerte anti-terroriste pour la première fois depuis quatre ans. Selon un porte-parole, cette décision avait été prise à la suite d'une « recrudescence de déclarations émanant d'organisations radicales islamistes comme (l'EIIL), Al-Qaïda, Al-Shabaab et d'autres groupes représentant une menace réelle pour les Canadiens. » Un avis du Centre intégré d'évaluation du terrorisme (CIET) au Canada prévient que « un individu ou un groupe au Canada ou à l'étranger a l'intention et la capacité de commettre un acte terroriste. Le CIET estime qu'un acte de violence terroriste pourrait se produire. »
Toutefois lors de la conférence de presse de mercredi, les responsables ont déclaré qu'aucune mesure supplémentaire de sécurité n'était mise en place au Mémorial de la Guerre ou au Parlement.
Les États-Unis ont également été le témoin de meurtres commis par des gens faisant référence à l'idéologie islamiste comme source de leur motivation.
Le mois dernier, Alton Nolen, converti à l'islam, a décapité l'un de ses collègues et a agressé une autre personne après avoir été licencié de son poste dans une entreprise alimentaire. Alors que le meurtre a été répertorié comme un acte de violence sur le lieu de travail, les messages postés par Nolen sur les réseaux sociaux contenaient une photo d'Oussama Ben Laden et celle d'une décapitation, sans compter les commentaires antisémites et anti-américains. « La charia va arriver », déclarait l'un de ces messages inscrit sous une photo du Pape.
Pendant ce temps, un homme de Seattle, Ali Muhammad Brown, invoquait sans cesse sa foi musulmane lors de son interrogatoire par les enquêteurs d'une affaire de quatre meurtres survenus entre Washington et le New Jersey. Chaque victime avait été tuée de plusieurs balles.
« Ma vie est fondée sur la vie pour la cause d'Allah », a déclaré Brown. « Vivre pour la cause d'Allah, c'est vivre pour Allah et mourir pour Allah. »
Alors que certains détails de cet interrogatoire n'ont été relatés que dans des documents judiciaires, l'Investigative Project on Terrorism a obtenu une copie de l'intégralité de l'échange qui a duré 1 heure 44 minutes.
Brown a exprimé du mépris pour les personnes homosexuelles – on pense que deux de ses victimes l'étaient – décrivant l'homosexualité comme « tout à fait contre nature » et déclarant que l'État permet à « ce mal de proliférer. »
À plusieurs reprises il a évoqué l'idée d'un califat islamique ou d'un pouvoir islamique comme seul moyen de restaurer l'ordre dans la société américaine. Brown est également suspecté d'avoir commis plusieurs vols d'armes dans le New Jersey. Il a dit aux enquêteurs avoir pensé quitter l'Amérique pour « aller dans le pays où Dieu Tout-Puissant, Allah, règne et est respecté. »
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Selon Brown, les musulmans ne peuvent pas pratiquer leur religion en Amérique « étant donné que le djihad fait partie de notre religion. »
Mais la loi islamique, sous l'autorité d'un califat, peut guérir la société américaine de ses maux, a-t-il dit, citant les châtiments cruels réservés à ceux qui enfreignent la loi. La prison ne fonctionne pas. Par contre en islam, « vous coupez la main publiquement pour que chacun en soit témoin. Vous évitez alors un grand nombre de vols… Si vous décapitez quelqu'un en public, dans la rue, vous diminuez alors ce genre de problèmes. »
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Ni Brown, ni Nolen n'a été inculpé pour terrorisme.
Il y a un an et demi, Dzhokhar et Tamerlan Tsarnaev posaient des bombes artisanales sur la ligne d'arrivée du marathon de Boston. Tamerlan avait été tué dans une fusillade qui avait éclaté par la suite avec la police. Alors qu'il se cachait pour échapper aux policiers, Dzhokhar Tsarnaev écrivait que les attentats étaient une action de représailles contre l'intervention militaire américaine en Irak et en Afghanistan.
« Si vous attaquez un musulman, vous attaquez tous les musulmans », écrivait-il.
Malgré ces déclarations de première main, des groupes islamistes et certains défenseurs continuent de prétendre que la religion n'a rien à voir avec la violence terroriste.
Ce genre de fait s'est déjà produit. En 2006, un groupe connu sous le nom de « Toronto 18 » avait été arrêté alors qu'il planifiait une série d'attentats terroristes contre des députés, le Premier ministre et le Parlement. L'un des membres du groupe aurait été tué récemment alors qu'il combattait en Syrie.
Aux États-Unis le psychiatre de l'armée, Nidal Malik Hasan, a tué 13 personnes et en a blessé 32 autres dans une fusillade à Fort Hood, au Texas. Cet attentat a suivi une série de communications de Hasan avec Anwar al-Awlaki, un religieux d'Al-Qaïda établi au Yémen. Bien qu'Awlaki ait été par la suite tué par un drone américain, l'attentat de Hasan n'a jamais été considéré par le gouvernement américain comme un acte terroriste, privant ainsi les victimes du Purple Heart [NdT médaille militaire américaine].
Quand, par la suite, le soldat Naser Jason Abdo a été arrêté alors qu'il tramait un complot terroriste visant à nouveau Fort Hood, il a raconté à sa propre mère que « la raison de tout ça, Maman, c'est la religion ».
« Quand il arrive du mal » aux musulmans, disait-il, « on doit réagir face à ça ».
On ne sait pas encore si Zehaf-Bibeau partageait la même idéologie ou s'il était animé par de tout autres motifs. Quoi qu'il en soit la hausse des attentats terroristes isolés est un sujet de préoccupation et un défi grandissant pour les responsables des renseignements et de la sécurité au Canada et aux États-Unis.