Le 18 avril, deux bombes artisanales ont explosé dans la Bande de Gaza. Posés par les salafistes djihadistes adversaires du régime du Hamas à Gaza, les deux engins explosifs improvisés n'ont causé aucun dégât sérieux. Ils visaient l'un comme l'autre des bâtiments de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour la Palestine (UNRWA). Mais alors que les incidents ont été abondamment commentés, on s'est par contre peu interrogé sur ce qui a incité les opposants au Hamas à prendre pour cible des bâtiments de l'UNRWA. La conclusion logique est que ceux qui ont posé les engins explosifs considèrent le Hamas et l'UNRWA comme des organismes qui coopèrent mutuellement.
En 2004, la confirmation d'une collaboration entre l'UNRWA et le Hamas est venue du plus haut niveau quand le Commissaire général des Nations unies Peter Hansen a déclaré à la Société Radio-Canada : « Je suis certain que des membres du Hamas sont payés par l'UNRWA et je ne considère pas cela comme un crime. » Hansen, qui était en fonction depuis longtemps, a quitté son poste peu après cette déclaration.
Selon ses détracteurs, l'UNRWA permet à l'Autorité palestinienne et au Hamas de décider de ce qui sera enseigné dans les écoles de l'UNRWA : cela comprend, entre autres, les incitations à la haine de l'État d'Israël, l'aspiration au martyre et la diabolisation des juifs. Le Hamas contrôlerait le syndicat du personnel enseignant de l'UNRWA dans le but d'imposer, par l'intermédiaire de ces enseignants, à des esprits jeunes et impressionnables un régime d'endoctrinement pétri de haine d'Israël et d'antisémitisme. L'UNRWA nie catégoriquement cette accusation.
Lors de son installation en 1950, l'UNRWA avait du réfugié de Palestine une définition limpide : il s'agissait d'une personne dont « le lieu de résidence habituelle était la Palestine entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948 et qui a perdu à la fois son domicile et ses moyens de subsistance en raison du conflit de 1948. »
Selon les différentes estimations, ce sont entre 600.000 et 700.000 anciens résidents de la Palestine sous mandat britannique qui ont quitté leur domicile durant cette période. C'est à peu de chose près le nombre de juifs qui ont été forcés de quitter les pays arabes voisins et d'aller vivre en Israël. La vie dans ces pays où ils étaient établis de longue date, était devenue impossible.
Selon un rapport de 2011 intitulé « The Palestine Papers and the Right of Return » (les documents Palestine et le droit au retour) et publié par le Center for Near East Policy Studies (Centre d'études pour la politique au Proche-Orient), l'UNRWA a très tôt étendu la définition du réfugié de Palestine aux « descendants des réfugiés ». Ainsi comprise, cette définition englobe environ 5,2 millions de réfugiés de Palestine disséminés à travers Gaza, la Cisjordanie, la Jordanie, le Liban et la Syrie, soit environ huit fois le nombre initial de ceux qui, il y a 67 ans, ont quitté la Palestine.
L'UNRWA milite pour un « droit au retour » palestinien. Cela revient à dire que l'ensemble des 5,2 millions de personnes devraient avoir le droit de s'établir en Israël, une éventualité qui créerait un raz-de-marée démographique fatal à l'existence d'Israël en tant que foyer national juif.
Dans un discours prononcé à l'ONU la semaine dernière, David Roet, représentant permanent adjoint d'Israël aux Nations Unies, a déclaré : « Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (organisme parent de l'UNRWA), le statut de réfugié se perd en devenant citoyen d'un autre pays. Mais en ce qui concerne la Palestine, cette restriction ne s'applique pas. L'UNRWA est la seule à permettre aux réfugiés de transmettre leur statut de réfugié à leur enfants et, à présent, à leurs petits-enfants. »
Roet a ajouté que l'UNRWA emploie plus de 10.000 personnes à Gaza : « Où étaient-ils quand le Hamas stockait des milliers de roquettes dont une grande partie à proximité des bâtiments de l'UNRWA ? On dirait que les employés de l'UNRWA sont prompts à condamner Israël mais qu'une fois qu'il s'agit de dénoncer le Hamas, ils deviennent aveugles, sourds et muets. »
Dans les écoles de l'UNRWA, « on enseigne aux enfants palestiniens que la seule solution à leur situation désespérée est leur soi-disant 'droit au retour'. De nombreuses installations de l'UNRWA sont ornées des clés qui symbolisent cette revendication. On enseigne aux enfants qu'un jour, ces clés leur ouvriront les portes – alors qu'à la vérité, elles les ont enfermés dans une réalité biaisée. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le 'droit au retour' n'est qu'un euphémisme pour désigner la destruction de l'État d'Israël. »
Les déclarations de Roet ont été prononcées en pleine commémoration du 65ème anniversaire de l'UNRWA. Elles étaient une réponse au Commissaire général Krahenbul qui affirmait que les Palestiniens de Gaza et d'ailleurs au Moyen-Orient « font face à une crise existentielle sur plusieurs fronts. » Pourtant, il apparaît que l'UNRWA permet à l'Autorité palestinienne et au Hamas de dicter ce qui sera enseigné dans ses écoles même si, en tant qu'organe soi-disant apolitique, l'Office a le pouvoir d'opposer son veto concernant l'enseignement en classe.
Il y a deux ans, dans la foulée de la diffusion du documentaire « Camp jihad : Inside UNRWA Summer Camp Season 2013 » (Camp du djihad : au cœur d'un camp d'été de l'UNRWA, saison 2013) montrant l'endoctrinement d'élèves palestiniens dans certaines de ses écoles, Chris Gunness, porte-parole de l'UNRWA, a fermement nié le fait que son Office cède au Hamas le contrôle sur l'éducation, déclarant que les écoles « enseignent les droits de l'homme et la résolution des conflits et qu'il en est ainsi depuis l'année académique 2003. »
L'UNRWA a répété cette affirmation dans son tout récent budget-programme : « À cet effet, il [l'Office] prend des mesures pour éliminer la violence dans les écoles et prévenir la violence sexiste et les mauvais traitements infligés aux enfants, et contribue à faire connaître les droits individuels en mettant en place à long terme des programmes sur les droits de l'homme et la tolérance dans les écoles »
Cependant dans une critique accablante sur l'UNRWA publiée en deux volets en août et septembre derniers, le lieutenant-colonel (à la retraite) Jonathan Halevi, expert en matière d'islam radical, a fait état de la présence dans toutes les écoles, y compris celles de l'UNRWA, d'un représentant du Hamas chargé de « servir d'agent de liaison avec le groupe, d'enrôler les étudiants dans le 'Bloc islamique' et d'organiser des activités pendant et après les heures de cours. »
Selon Halevi, le Bloc islamique est « l'aile officielle du Hamas active au sein des institutions d'enseignement de la Bande de Gaza (et de Cisjordanie) tant dans les écoles fondamentales et les collèges (dont les établissements de l'UNRWA) que dans les lycées, les écoles supérieures et les universités. »
Les activités du Bloc islamique, nous dit Halevi, « sont un puissant levier du Hamas pour l'endoctrinement de la jeune génération de la Bande de Gaza tant dans les écoles publiques que dans celles de l'UNRWA, un endoctrinement qui prépare la voie au recrutement d'étudiants pour les rangs du Hamas et, à terme, des Brigades Al-Qassam ».
Selon Arnon Groiss, chercheur indépendant et adjoint au directeur général de l'autorité israélienne de diffusion de la radio-télévision arabe, il fut un temps ou le contenu des matières enseignées dans les écoles palestiniennes et celles de l'UNRWA allait en s'améliorant et était de nature moins incendiaire mais, ajoute-t-il, la situation s'est à nouveau dégradée en 2006, quand le Hamas est arrivé au pouvoir à Gaza.
L'incitation à la haine d'Israël et des juifs reste toujours présente dans les manuels scolaires palestiniens publiés en 2013-2014, confiait Groiss dans un entretien au sujet de cette histoire.
Groiss a également déclaré : « Il y a un tableau qui reprend, pour l'année 1999, le nombre des Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de la diaspora (palestinienne) mais pas des juifs. Le tableau omet six millions de juifs ! Dans le texte aussi, le Levant est une région qui comprend la Palestine, la Jordanie, l'Égypte, la Syrie et le Liban (mais pas Israël). Les juifs n'ont aucun lieu sacré dans le pays : le Mur des Lamentations, par exemple, est un site islamique. Israël et les juifs sont diabolisés comme ayant des intentions génocidaires envers les Palestiniens. »
Groiss ajoute : « J'ai comptabilisé dans les manuels scolaires palestiniens environ 35 accusations contre Israël et les juifs ; ces manuels plaident également avec force le droit au retour. »
Même les critiques les plus féroces à l'égard de l'UNRWA reconnaissent la nécessité d'une agence internationale pour les réfugiés afin de traiter les problèmes à la fois nombreux, complexes et politiquement sensibles qui sont liés à l'aide aux Palestiniens de Gaza et d'ailleurs. Dans le même temps, beaucoup sont d'avis qu'après 65 ans, l'UNRWA devrait subir une révision complète quant à ses finances et à ses relations – que celles-ci soit choisies ou dictées par la nécessité – avec des organisations réputées terroristes telles que le Hamas. Enfin, il faut s'attaquer au manque évident d'impartialité de l'Office par rapport aux tensions persistantes entre Israël et Gaza qui ont conduit à trois confrontations militaires violentes et sanglantes au cours de ces six dernières années.
Paul Alster est journaliste et réside en Israël. Vous pouvez le suivre sur Twitter @paul_alster et visiter son site internet : www.paulalster.com