Vendredi après-midi à Dakha, cinq hommes se faisant passer pour des candidats locataires ont fait irruption dans l'appartement du blogueur Niloy Neel et l'ont battu à mort.
Neel, qui était âgé de 40 ans, est le quatrième blogueur laïque assassiné au Bangladesh cette année.
L'Américain Avijit Roy, 45 ans, avait été tué en février alors qu'il était de retour au Bangladesh pour assister à un salon du livre. Le mois suivant, c'est Oyasiqur Rahman Babu, 27 ans, qui avait été assassiné alors qu'il se rendait au travail. En mai, des agresseurs masqués s'étaient mis à poursuivre dans la rue Anata Bijoy Das, 33 ans, non loin de son domicile avant de le battre à mort.
Le commissaire adjoint de la brigade de recherches de la police métropolitaine de Dakha, Krishnapada Roy, a confié à des journalistes que « l'attentat est d'une nature très semblable à celle des meurtres antérieurs d'autres blogueurs. »
Les quatre hommes ont en commun le fait d'avoir critiqué les religieux fondamentalistes et extrémistes. Neel a en outre réclamé la peine de mort pour les islamistes condamnés pour crimes de guerre au terme de la guerre d'indépendance du Bangladesh quand le pays s'est séparé du Pakistan en 1971. L'un de ces condamnés, Ashrafuzzaman Khan, vit aujourd'hui à New York et est un ancien secrétaire général de l'Islamic Circle of North America (ICNA, Cercle islamique d'Amérique du Nord).
D'après un message posté sur Twitter par l'écrivain bangladeshi laïque Taslima Nasreen, Neel avait fait appel à la police après avoir reçu des menaces de mort de la part d'islamistes. La police lui avait alors suggéré de quitter le pays mais il n'en avait pas les moyens. Pour se faire discret, il aurait retiré ses photos de sa page Facebook.
Dans un autre message, Nasreen précisait qu'une chasse aux écrivains critiquant l'islam était ouverte au Bangladesh. D'après la BBC, les islamistes ont une liste de 84 « blogueurs athées » qu'ils voudraient voir arrêtés pour blasphème. D'autres qualifient ce document de « liste noire ».
Neel était décrit par Imran Sarkar, directeur du réseau des blogueurs et activistes du Bangladesh, comme « la voix qui s'élève contre le fondamentalisme et l'extrémisme et pour les droits des minorités – particulièrement les droits des femmes et des peuples indigènes. »