Aux termes d'un accord secret sans précédent, les Nations unies vont autoriser des experts iraniens à inspecter, dans leur propre pays, des sites militaires suspectés d'être utilisés pour la fabrication d'armements nucléaires. C'est ce que mentionne un document que s'est procuré l'agence Associated Press.
Habituellement, c'est l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui est chargée d'inspecter les sites d'armement nucléaire d'un État membre. Cependant, l'agence onusienne a conclu avec l'Iran un accord séparé sur les inspections du site militaire de Parchin sans le consentement des États-Unis ni d'aucune autre puissance internationale signataire de l'accord plus large sur le nucléaire iranien.
Par cet acte inédit, le pouvoir de l'AIEA d'inspecter un élément clé du programme nucléaire iranien se voit transféré ni plus ni moins à l'Iran – et ce, en totale contradiction avec les propos des défenseurs de l'accord sur le nucléaire qui affirment que ce dernier est transparent et qu'il contraint la République islamique à rendre compte de ses actions.
Bien que la Maison Blanche nie l'existence d'un « accord particulier » secret, le secrétaire d'État américain John Kerry a reconnu qu'aucun membre de l'administration Obama n'a eu accès au document secret.
Kerry a déclaré : « Nous en connaissons les principes généraux... L'accord n'a pas été rendu public mais nous restons informés. »
Olli Heinonen, ancien directeur général adjoint de l'AIEA chargé de surveiller l'activité nucléaire de l'Iran, a déclaré ne pas se souvenir avoir vu un jour un pays sous surveillance autorisé à mener ses propres inspections.
À l'instar des États-Unis, d'Israël et de plusieurs rapports de renseignements, l'AIEA croit que l'Iran a expérimenté des détonateurs d'explosifs pour des armes nucléaires sur la base militaire de Parchin, la preuve de cette localisation étant fondée sur des images satellites et sur les tentatives de l'Iran de débarrasser le site de toute trace d'activité nucléaire.
Le titre du document, « accord séparé II », laisse entendre qu'il existe un autre accord secret entre l'Iran et l'AIEA et que le rôle de l'Agence internationale a été réduit à la surveillance des inspecteurs iraniens sur le site militaire.
Aux termes de cet accord confidentiel, l'Iran fournira aux experts de l'AIEA des photos et des vidéos relatives aux activités nucléaires sensibles « en tenant compte des préoccupations militaires. » Les techniciens iraniens seront également chargés de prélever des échantillons environnementaux destinés à la détection d'activités nucléaires – un rôle traditionnellement réservé aux inspecteurs de l'AIEA.
Non seulement les experts iraniens prendront la direction des investigations, mais en outre l'Iran ne sera tenu de fournir que les informations qu'il aura choisies et décidé de transmettre.
Selon les termes de l'accord, « les activités seront réalisées au moyen de matériel iranien authentifié et conforme aux spécifications techniques fournies par l'agence. » L'AIEA « assurera la conformité sur le plan technique » des inspections par l'Iran mais elle omet de fournir le détail de la mise en œuvre de la procédure. »
Cet accord séparé ne fait que renforcer les inquiétudes par rapport à l'accord complexe et à son manque de transparence pourtant nécessaire pour garantir que l'Iran sera bel et bien empêché de développer l'arme nucléaire.