Depuis que le vote de jeudi prévu au sénat a tourné court par une obstruction de la part du camp démocrate sur l'approbation ou le rejet de l'accord sur le nucléaire iranien la Maison Blanche crie victoire.
Les opposants au projet continuent à exprimer leurs craintes de voir à terme l'Iran, par le biais de l'accord, développer son propre armement nucléaire. Il est d'ailleurs hors de doute que l'accord fournira à la République islamique une aide de quelque 150 milliards de dollars qui compensera les sanctions économiques et pourra servir à financer des alliés terroristes dont le but est de s'en prendre à Israël.
Ces perspectives inquiétantes ont poussé la Chambre du Congrès américain à rejeter l'accord avec l'Iran par 269 voix contre 162.
Il est dès lors peu surprenant que l'accord recueille la franche adhésion d'islamistes américains connus pour leur traditionnel soutien à l'Iran ou leurs discours de haine rabique contre Israël, notamment les radicaux qui voient des complots sionistes à chaque coin de rue.
L'imam Hassan Qazwini
Parmi les plus chauds partisans de l'accord, on trouve l'imam Hassan Qazwini, religieux radical chiite qui a travaillé comme chercheur et dirigeant religieux à l'Islamic Center of America de Dearborn, dans le Michigan. Le 17 juillet, dans un sermon adressé au centre islamique Az-Zahraa de Détroit, Qazwini a salué l'accord sur le nucléaire iranien comme une « victoire pour les musulmans » et une « victoire pour l'Iran ». Après avoir félicité les négociateurs iraniens pour leur patience et fait l'éloge du président Barack Obama pour avoir « pris cette décision courageuse », il a reproché à Israël et à l'Arabie Saoudite leur opposition à l'accord.
« Israël était ulcéré », a-t-il dit. « Ces derniers jours, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s'est montré hystérique et furieux, fulminant contre cet accord. Il se demandait avec inquiétude pourquoi les États-Unis et cinq autres superpuissances avaient accepté une solution pacifique au problème. Pourquoi cette réaction ? Parce que la paix n'intéresse pas M. Netanyahou. Ce qu'il veut, c'est la guerre. »
En outre, Qazwini a prétendu qu'Israël tirerait profit d'une guerre entre les États-Unis et l'Iran : « Au fond, Netanyahou souhaite que les États-Unis partent en guerre contre l'Iran tout en maintenant Israël dans la position de spectateur. Netanyahou veut que les États-Unis paient le prix, le prix fort en envoyant ses troupes et en s'engageant dans une sale guerre de façon à protéger les intérêts israéliens. Cela ne me surprend pas de la part de Netanyahou car Netanyahou n'est qu'un poison et le poison ne produit rien d'autre que du poison. » Qazwini a qualifié l'Arabie Saoudite, un pays à majorité sunnite, de « traîtres aux intérêts de l'oumma islamique » et a accusé le pays sunnite de dépenser des millions de dollars « pour saboter l'Iran et attaquer l'école de pensée chiite. »
Le soutien de Qazwini aux terroristes et autres radicaux n'est pas nouveau. En 2004, dans un discours toujours consultable sur son site internet personnel sous la rubrique « Speeches/Friday/Sermons » Qazwini faisait l'éloge des musulmans chiites pour le fait qu'ils « portent l'étendard de la résistance contre les forces du mal à l'œuvre dans l'oumma islamique » et affirmait « que la majorité des gouvernements musulmans se sont soumis à la volonté des États-Unis et des Sionistes. »
Qazwini a également proclamé la suprématie de la charia sur les lois occidentales : « Vous devez respecter les lois du pays dans lequel vous vivez. Toutefois quand celles-ci sont d'une nature telle qu'Allah est publiquement contesté ou défié alors vous ne devez avoir de respect pour aucune de ces lois. C'est la loi d'Allah qui prime... Allah est le premier et aucun gouvernement ne vient avant Allah. »
Hatem Bazian
Hatem Bazian, un autre défenseur de l'accord, est le président fondateur d'une organisation radicale anti-israélienne, l'American Muslims for Palestine (AMP) et le cofondateur des Students for Justice in Palestine (SJP), un organisme qui compte des sections dans plusieurs universités et qui milite pour un désinvestissement en Israël. Dans un article d'opinion publié dans le quotidien turc national, Daily Sabah, Bazian a reproché à l'American Israel Public Affairs Committee et à d'autres groupes pro-israéliens, « notamment ces groupes néoconservateurs qui ont poussé à la guerre en Irak », de « conditionner l'opinion publique américaine dans un sens défavorable à l'accord iranien du Président Obama. »
En 2004, Bazian a appelé les Américains à organiser dans le pays une révolte violente comparable à l'intifada palestinienne, quand il a dit :
« Êtes-vous fâchés ? Eh bien, quand on assiste à l'intifada en Palestine et à la guerre en Irak, la question est : qu'est-ce qu'on fait ? Comment se fait-il que nous n'ayons pas d'intifada dans ce pays ? Avec le temps nous aurons une intifada qui changera fondamentalement la donne politique dans ce pays. Nous savons bien qu'ils diront que certains Palestiniens sont trop radicaux. Eh bien vous n'avez pas encore vu le radicalisme. »
Plus récemment, lors d'un événement organisé en novembre par l'AMP à l'Université de Californie à Santa Cruz, Bazian semblait justifier le terrorisme palestinien : « La Palestine est la victime à nouveau traitée comme telle parce qu'on lui reproche de riposter. La riposte palestinienne au colonialisme est identique à celle de tous les peuples colonisés confrontés au processus de colonisation. »
Institute of Contemporary Islamic Thought (ICIT)
Dans un article publié récemment dans le Crescent International, une publication pro-iranienne de l'Institute of Contemporary Islamic Thought (ICIT, Institut de la pensée islamique contemporaine) basé à Washington, Zafar Bangash a loué les dirigeants iraniens pour avoir conclu un accord qui permet à l'Iran d'être aidé tout en gardant une ligne antioccidentale.
Toutefois, le Rahbar (titre islamique signifiant « Guide », en référence à l'imam Sayyed Ali Khamenei) a dit clairement que même si – un grand si – le Plan d'action global conjoint est approuvé, il n'y aura pas d'ouverture de l'Iran à l'influence américaine. « Nous leur barrerons résolument la route. Nous ne permettrons pas aux Américains de réaliser une quelconque incursion économique, politique ou culturelle dans le pays. Nous nous opposerons de toutes nos forces à une telle infiltration. » Le Rahbar poursuivait : « Nous devons d'abord identifier les intentions de l'ennemi pour ensuite contrer ses objectifs de façon réfléchie. C'est là la meilleure manière d'agir avec cette Amérique que feu l'imam Khomeyni avait décrite comme le Shaytan-e Buzurg (le Grand Satan). Ce n'était pas une déclaration faite sous le coup de l'émotion mais bien une perception fine de la véritable nature des États-Unis. »
Dans un autre article paru dans le Crescent International de l'ICIT, Tahir Mustafa observait que l'accord sur le nucléaire marque la reconnaissance de l'Iran « comme une puissance régionale de premier plan qu'on ne peut intimider par des menaces militaires ou des sanctions. » Il a ajouté : « Après la Révolution islamique de 1979, l'Iran islamique est devenu la figure de proue du mouvement islamique. Ceux qui n'ont pas d'œillères s'en sont rendus compte depuis longtemps. D'autres viennent seulement d'en prendre conscience. Les États-Unis, la plus grande puissance impérialiste et militaire au monde, ont dû eux aussi faire amende honorable et admettre cette réalité. »
Cependant, Mustafa a averti que « les responsables américains et européens sont connus pour ne pas tenir leurs promesses même quand celles-ci ont le monde entier comme témoin. » Il a également décrit l'Arabie Saoudite et Israël comme « des régimes de parias qui ne peuvent vivre en paix avec les autres, particulièrement avec l'Iran islamique qui refuse de renoncer à ses droits au profit d'une quelconque puissance mondiale. »
« Pas étonnant de voir ces deux régimes illégitimes, l'un occupant le sol sacré de la péninsule Arabique et l'autre la terre sainte de Palestine, se soutenir et se réconforter mutuellement. L'un et l'autre peuvent voir clairement leur fin poindre à l'horizon. », a-t-il ajouté.
L'ICIT est lié aux religieux extrémistes Mohammed al-Asi et Abdul Alim Musa. Dans une interview accordée en février à l'occasion du 36ème anniversaire de la Révolution islamique iranienne, Al-Asi a déclaré : « On se souvient encore des décennies et des siècles qui ont précédé la Révolution islamique, ces temps où les musulmans vivaient dans des conditions proches du pathétique. Je veux dire qu'ils ont souffert du colonialisme et de l'impérialisme, de l'occupation armée et de toutes sortes de revers. C'est dans ce contexte qu'a eu lieu la Révolution islamique. Elle a mis fin à des décennies et des siècles de domination étrangère et a fait de l'Iran le premier pays indépendant du monde islamique. » Abdul Alim Musa est le fondateur et l'imam de la mosquée Al-Islam à Washington D.C. et fondateur du groupe radical As-Sabiqun Movement.
Muslim Students Association – Persian Speaking Group (MSA-PSG)
Le 26 décembre 2008, lors de la 38ème conférence annuelle du groupe persanophone de la Muslim Students Association (MSA-PSG), a été distribué un dépliant intitulé « Message aux participants de la Conférence du MSA-PSG de 2008 » et citant Musa : « À ce stade, notre objectif est d'imiter la vie de notre héros des temps modernes, l'Imam Khomeiny, puisque nous nous efforçons d'établir un État islamique d'Amérique du Nord. Son histoire est l'histoire de la réussite ultime et d'une chance incroyable. » Le MSA-PSG a des liens étroits avec le régime religieux iranien. Un message posté sur le site internet du groupe étudiant déclare : « Le MSA-PSG se consacre au mouvement islamique mondial depuis sa fondation il y a 45 ans. Avec la Révolution islamique en Iran, nous avons redoublé notre engagement en faveur de l'unité et de la fraternité de tous les musulmans. » Selon des documents déclassifiés du FBI, lors d'une conférence organisée en décembre 1987 par le MSA-PSG, également connu sous son nom persan Anjoman Islamie, « tous les participants ont dû témoigner leur foi en l'islam et leur loyauté envers le gouvernement iranien. »
Muslim Public Affairs Council (MPAC)
Dans un communiqué de presse publié le 3 septembre, le Muslim Public Affairs Council (MPAC), organisme des plus influents basé à Washington D.C., a encensé l'accord sur le nucléaire présenté comme la preuve selon laquelle les États-Unis doivent user exclusivement de la diplomatie pour atteindre leurs objectifs en matière de politique étrangère.
« Longtemps considérée comme l'option des faibles à l'époque de l'administration Bush, la diplomatie est à présent considérée comme une stratégie viable qui peut conduire à des résultats similaires, voire meilleurs, que les frappes militaires », indique le communiqué. « Outre l'efficacité, il est prouvé qu'on peut obtenir des résultats sans faire les frais d'une action militaire... Les États-Unis ont montré qu'ils sont une puissance diplomatique forte, apte à négocier pour faire progresser ses intérêts les plus urgents. »
Le MPAC a également fait la promotion de l'option choisie par l'Amérique de négocier pacifiquement avec les « nations dont elle se méfie, mais également de résister à la facilité en ne cédant pas aux faucons qui appellent à la guerre. Il a peut-être été tentant de prêter l'oreille aux appels à la guerre contre une nation qui a pris nos citoyens en otage et est perçue comme une menace pour les nombreux alliés dans la région. »
Or, il y a tout juste deux ans, le MPAC adoptait la position contraire en s'opposant à la diplomatie et en appelant fermement à des frappes aériennes en Syrie de la part des États-Unis et de la coalition armée. « Nous soutenons une action militaire résolue et rapide en Syrie assortie de conditions importantes », selon une déclaration du MPAC.
Toute « intervention armée devra s'accompagner d'un renforcement des franges modérées de l'opposition de façon à garantir à la Syrie un avenir démocratique, pluraliste et ouvert », selon la déclaration du MPAC.
Le raisonnement du MPAC en faveur des bombardements en Syrie pourrait s'appliquer tout aussi aisément à la situation impliquant le régime dictatorial et brutal de l'Iran : « À ce stade, rien n'incite le régime d'Assad à accepter une quelconque forme de transition politique étant donné la supériorité dont le régime jouit par rapport aux forces d'opposition. »
Ainsi le MPAC qui était favorable à l'usage de la force militaire pour contraindre la Syrie à changer sa politique, se montre soudainement pacifiste une fois qu'il s'agit de l'Iran, premier sponsor étatique du terrorisme au monde.
Les années précédentes, The Minaret, une publication proche du MPAC, a publié à plusieurs reprises des articles soutenant le Hezbollah, groupe terroriste pro-iranien. Un article paru en juin 2000 loue le « combattant de la liberté » qu'est le Hezbollah pour ses efforts en vue de contraindre Israël à se retirer du Liban.
« Le retrait israélien est un signe évident que la détermination et la volonté conduiront à la libération de la patrie occupée. Le Hezbollah, cet organisme libanais combattant pour la liberté qui a conduit l'effort pour expulser Israël, est largement applaudi à travers le monde. »
Lors d'une interview accordée en 1999 à PBS, le président du MPAC, Salam al-Marayati, a également décrit les attaques du Hezbollah comme des actes de « résistance légitime », ajoutant que « quand un musulman commet un acte de terrorisme, nous nous opposons avec force et très clairement à l'auteur musulman de cet acte de violence. »
Council on American-Islamic Relations (CAIR)
Le Council on American-Islamic Relations (CAIR, Conseil pour les relations islamo-américaines), fondé comme branche du réseau de soutien au Hamas aux États-Unis, a soutenu en novembre 2013 l'accord intérimaire sur le nucléaire. « Nous nous réjouissons de l'accord signé à Genève et espérons qu'il inversera une tendance contreproductive vieille de plusieurs décennies et qui consiste à pousser au conflit entre l'Iran et les nations occidentales », a déclaré dans un communiqué de presse Nihad Awad, directeur exécutif du CAIR. Tout en louant l'accord, ce communiqué « appelait également l'Iran à abandonner son soutien indéfectible à la dictature brutale en Syrie. »
L'attitude de l'Iran ignorée
Les islamistes américains qui ont pris fait et cause pour l'accord sur le nucléaire iranien, ont par le passé volontairement fermé les yeux sur les violations des droits de l'homme et les crimes de type terroriste commis par le régime iranien et sont apparus sur les chaînes d'information iraniennes contrôlées par l'État pour dénoncer l'islamophobie prétendument galopante aux États-Unis ainsi que les mesures antiterroristes prises par le gouvernement américain.
« Nous vivons dans une société libre », a déclaré le porte-parole national du CAIR, Ibrahim Hooper, dans une interview accordée en août 2011. « Il y a beaucoup de côtés positifs dans le fait d'être un musulman américain ; toutefois il existe également un sentiment obsidional parmi tous ces semeurs de haine qui cherchent constamment à diaboliser notre religion. »
Lors des manifestations du Printemps arabe de 2011, Al-Asi a soutenu, au cours d'une apparition télévisée sur une chaîne d'information, la déclaration du Guide suprême iranien, l'imam Sayyed Ali Khamenei, qui plaidait en faveur « d'un leadership capable de donner la direction à ce mouvement. Faute de ne pas évoquer cela en vue de rassembler les pièces du puzzle, les forces de l'impérialisme et même du sionisme vont détourner ces soulèvements. Ils ne veulent pas que ces pays 'échappent' pour ainsi dire à l'hégémonie américaine, à l'instar de ce qui s'est passé avec la République islamique d'Iran. En d'autres termes, ils ne veulent pas voir s'instaurer une autre République islamique, que ce soit en Égypte, au Yémen où dans l'un de ces pays qui est indépendant de son influence et de ses diktats. »
De la même manière, ces mêmes islamistes ont aussi systématiquement cautionné la violence et le terrorisme dans les rassemblements annuels « Al-Quds Day » commémorant la Révolution islamique de 1979. À titre d'exemple, lors du rassemblement de 2012, Musa avait déclaré : « Si vous aimez l'Amérique, vous aimez le mensonge, vous aimez le viol, vous aimez le meurtre, vous aimez tuer. »
« Et alors, l'Israélien sioniste, diabolique et sinistre. Personne dans l'histoire, ils pleurent au sujet d'un certain Holocauste, nous avons eu cinq ou dix tués. »
Les partisans de l'accord sur le nucléaire iranien rassemblent non seulement des marginaux excentriques comme Musa et Al-Asi mais également des organismes soi-disant de la ligne majoritaire comme le MPAC et le CAIR. Ce simple fait aurait dû faire réfléchir tout un chacun avant d'apporter un quelconque soutien à l'accord.